Le débat est vif depuis quelques jours, le chef de l'Etat souhaite transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon. "C'est vrai que j'ai pensé que ce serait un choix particulièrement pertinent que de le faire entrer au Panthéon", "Ce serait un symbole extraordinaire à mes yeux". Les honneurs de la Patrie reconnaissante rendus à Monsieur Camus pour le cinquantième anniversaire de sa mort?...c'est un peu plus compliqué.
Le Panthéon, c'est quoi?
C'est un bâtiment magnifique sur la montagne Sainte-Geneviève, dans l'un des plus beau quartier de Paris!
Plus précisément, le nom de Panthéon est issu du grec et signifie « de tous les dieux ». À l’origine, le Panthéon (de Rome, en photo!) était un temple dédié à toutes les divinités de la religion antique. Il fut converti en église chrétienne au VIIe siècle.
La version parisienne de ce symbole antique était également une église, construite au 18ème siècle pour abriter la châsse de Sainte-Geneviève, protectrice de la ville de Paris.
Ce monument a maintenant vocation à honorer les Grands hommes de France, personnages qui ont marqué son histoire: "un temple laïc et républicain", en quelques sorte.
"Aux grands hommes, la patrie reconnaissante"
Comment ne pas reconnaître la grandeur de l'écrivain et humaniste Albert Camus et de son oeuvre? Ecrivain "consensuel", comme le définit Nicolas Sarkozy, aujourd'hui étudié du collège à l'université, au-delà nos frontières.
Pourtant, celui qui a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1957 pour « l'ensemble d'une œuvre qui met en lumière les problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes. » serait-il aujourd'hui ravi d'avoir le Panthéon pour dernière demeure? Peut-être pas.
On dit en effet, qu'Albert Camus n'aimait pas les grands honneurs, que sa femme aurait craint en 1957 qu'il refuse le Prix Nobel. Il l'acceptera finalement, pour des questions financières.
Il écrira surtout cette phrase à son instituteur d'Alger, Louis Germain, à qui il reconnaît devoir beaucoup: "On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité". Que dirait-il alors aujourd'hui?
On explique dans la presse que son travail est en totale contradiction avec cette idée. Que "l'humanisme de son oeuvre est fondé sur l'absurdité de la condition humaine".
On dit beaucoup de choses compliquées pour expliquer qu'Albert Camus au Panthéon est un contre-sens, une incompréhension de l'homme absurde qu'il dépeint comme n'acceptant pas de perspectives divines et pour qui il n'y a pas de futur, seul comptant l'ici et le maintenant. (Je ne fais pas mon érudite et dois reconnaître ici beaucoup de citations piochées ici et là dans la presse pour argumenter mon billet).
Je comprend surtout que le choix qu'il aurait fait peut se lire à travers les lignes qu'il a écrites: il n'aurait probablement pas dit oui. (probablement, car, moi, je ne le connaissais pas!).
Ses enfants semblent partagés sur la question: "il n'aimait pas les honneurs", "il était claustrophobe".
Et puis zut, récupération politique ou pas, ce qui me semble important aujourd'hui c'est de respecter l'homme, qui a choisi de son vivant le lieu de sa dernière demeure: en Provence, entre Paris et l'Algérie où il est né. As-t-on vraiment le droit de l'y enlever? Etre étudié par les générations d'aujourd'hui, être cité par les hommes influents de la planète... ne serait-ce pas cela, finalement, la véritable reconnaissance?
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