mercredi 9 mars 2011

Challenge 1 000 ans de littérature française: La Fontaine / Boileau [LC4 1er week-end d'avril 2011]


Savez-vous que La Fontaine, Boileau ainsi que Molière et Racine, tous les quatre célébrissimes auteurs aujourd’hui pourraient être rebaptisés «le Club des 4 » version 17ème siècle ? D’après Olivier Barrot et Jean d’Ormesson ils formaient en effet une bande d’amis inséparables pour courir les tavernes et séduire les femmes, qui, nous apprend-t-on, passaient des bras de l’un aux bras de l’autre…Vie de bohème et de luxe, les quatre auteurs dépendent des faveurs de grands protecteurs et, évidemment, du plus grand d’entre eux à cette époque, le Roi, Louis XIV (ou, Mon Loulou ! Je vous expliquerais un jour, une longue histoire) !

Les participants au Challenge 1 000 ans de littérature française ont choisi comme premier thème de cette nouvelle lecture commune (prévue pour début avril) : La Fontaine et Boileau. Nous avons choisi Molière comme second thème (En fait, il ne nous manque que Racine pour reformer le « Club » !)

Jean de La Fontaine
Jean de La Fontaine (1621 – 1695)
Le fabuliste et ironiste Jean de La Fontaine est dépeint par nos deux chroniqueurs comme le plus charmant du « Club des quatre » cité plus haut. Une véritable « légende dorée » accompagnerait son souvenir et Olivier Barrot nous explique que La Fontaine arrive en retard à la Cour parce qu’il a « observé l’enterrement d’une fourmi », qu’il a toujours la tête en l’air pour écouter le chant des oiseaux ou encore pour regarder le soleil se coucher. Bref, il est émerveillé par tout ce qu’il voit. C’est de cette insouciance que seraient nées les Fables si célèbres.
« L’innocente beauté des jardins et des jours allaient faire à jamais le charme de ma vie » (Jean de La Fontaine).
Jean de La Fontaine a presque 50 ans lorsque parait le premier recueil des Fables et il faudra attendre 10 ans pour le second. S’il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands poètes de son époque, voire comme « LE plus grand poète du 17ème siècle » d’après Jean d’O, il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, les Fables sont vivement critiquées par ses contemporains, à commencer par Lamartine et Rousseau qui les jugent immorales !...Elles sont aujourd’hui étudiées à l’école et récitées chaque année par des milliers d’élèves, je suis sûre que Jean de La Fontaine aurait apprécié l’ironie !
Contes libertins


Ironie toujours. Sachez que Jean de La Fontaine n’a pas écrit que des fables pour enfants. Ce grand séducteur a également écrit des contes libertins.

Nos deux spécialistes nous expliquent également que La Fontaine est un homme courageux, qui n’a pas hésité à prendre la parole pour défendre l’honneur de son ami le surintendant Fouquet (perdu, on le rappelle pour une sombre histoire de gros sous, de château magnifique, de fêtes somptueuses…qui ont rendu le Roi jaloux !), et ce jusqu’en s’opposant au Roi (et là, effectivement, on dit chapeau) ! Jean de La Fontaine a rédigé pou défendre son ami la pièce « Elégie aux nymphes de Vaux » dont Jean d’Ormesson nous propose une citation « Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles et qu’on croit avoir pour soit le vent et les étoiles. Il est bien mal aisé de régler ses désirs. Le plus sage s’endort sur la foi des 
 zéphyrs. »


Nicolas Boileau (1636- 1711)

Si Jean de La Fontaine n’a cessé d’être lu depuis trois siècles, Nicolas Boileau, pourtant également ironiste, est beaucoup moins lu car plus obscur et plus difficile.

Alors que son ami La Fontaine conserve farouchement son indépendance d’esprit, jusqu’à critiquer nous l’avons vu ouvertement le Roi au sujet de Fouquet, Boileau nous explique-t-on s’est laissé « aspiré » par le pouvoir et devient historiographe du Roi (nommé à ce poste en même temps que Racine). Voilà d’après Jean d’O tout le malheur de cet auteur.

Nicolas Boileau (Despréaux)
Boileau, qui pourtant est à la base un auteur comique (il a écrit des satires et le Luterin), est également « l’homme des règlements », il édite L’Art poétique, qui est présenté comme une « manière de présenter le classicisme tel qu’il doit être appliqué par ceux qui prétendent à l’art poétique » (Olivier Barrot). Bref, Boileau, c’est un peu le prof.

Pourtant, curieusement au moment de la bataille féroce qui déchire les auteurs de cette époque, Boileau ne fut pas là où on l’attendait. Quelle bataille me direz-vous ? Celle « des anciens contre les modernes » (oulala c’est quoi donc ?). Visiblement, les « modernes », composés entre autres par Charles Perrault, disaient que le Siècle de Louis XIV c’est mieux que tout (rien que ça !). Ils s’opposaient donc aux « anciens », composés entre autre de La Bruyère (avant centre), Racine (pilier droit), La Fontaine (remplaçant, et oui, beaucoup trop distrait) et Boileau (dans les buts), qui eux étaient d’avis que nous ne faisons toujours que d’imiter le mieux possible les anciens. La postérité a choisi « les anciens » et ce sont eux qui ironiquement représentent le siècle du Roi Soleil.

L’un des textes de Boileau le plus étudié serait Les embarras de Paris
Ce texte, apparemment extrêmement vivant, nous dépeint une ville inédite, ou presque….puisqu’elle aborde le trafic et les encombrements de la capitale ! Décidemment, rien n’est nouveau et les bouchons à Paris existent depuis toujours !

Dernière anecdote pour finir : La Fontaine a été élu à l’Académie et cela a rendu Louis XIV furieux. Au point qu’il n’accepte l’entrée de La Fontaine à L’Académie que lorsque Boileau aura finalement lui aussi été élu. « C’est ce qui fait ce côté un peu officiel et ennuyeux de Boileau et ce côté si libre, si charmant, si désinvolte de La Fontaine. » (Jean d’O)

Rappel: Les participants peuvent lire le titre de leur choix. A noter également, que le choix peut porter sur ce thème et / ou le suivant, "Molière". Les billets de nos avis de lecture de cette 4ème lecture commune, seront mis en ligne le premier week-end d’avril 2011. Bonne lecture à tous.

Et sinon, il est toujours possible de nous rejoindre…

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