vendredi 18 mars 2011

Les invités, Pierre Assouline



Le tableau de cette courte histoire se dresse rapidement : un dîner mondain au cœur d’un des quartiers les plus huppés de la capitale. Rien n’est laissé au hasard par la maîtresse de maison : l’harmonie dans le choix des invités, le plan de table, le dressage au millimètre. Tout, absolument tout est prévu par Madame Du Vivier dont les dîners sont réputés. Pourtant, celui-ci ne va pas se dérouler exactement comme prévu. Une confusion entraîne en effet un changement dans le nombre d’invités et, non des moindres : ce soir ils seront 13 à table ! Il faut réagir et rapidement un 14ème convive est désigné : ce sera la domestique. Cette situation inattendue et saugrenue sera le cœur de cette courte histoire.

La classe sociale, mais surtout l’origine de cette 14ème invitée fera jaser autour de la table. Chacun se révèle tel qu’il est vraiment et les masques tombent peu à peu au cours du dîner. Les uns manifestent leur mépris face à cette invitée d’une classe sociale plus modeste. D’autres leur curiosité, aimée d’une plus ou moins bonne intention : d’où vient-elle ? que fait-elle lorsqu’elle ne sert pas la famille Du Vivier ? Certains personnages se révèlent tout simplement intolérant, voire odieusement racistes ou plus légèrement farfelus. L’écriture, qui a quelques longueurs, reflète parfaitement l’ambiance de ce dîner que je qualifierais de pompeux et superficiel.

On sourit parfois, on s’indigne aussi. Enfin, on s’attache forcément à notre 14ème invitée à qui, pour le coup, on ne demanderait pas de nous céder sa place. Ce fut, dans l’ensemble, une lecture agréable.

Note Livraddict: 2.75 / 10 (2 votes) Et, pour ma part, je trouve que c'est bien sévère quand même!

mercredi 16 mars 2011

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

Comme beaucoup, j’avais lu ce livre petite et n’en gardait qu’un souvenir approximatif, voire pas un très bon souvenir. Aussi, lorsque Véro m’a proposé sur Livraddict de participer à une lecture commune, j’ai accepté avec plaisir, me disant qu’adulte, mon avis serait probablement différent. Aimerais-je cette fois ?

L’histoire, que l’on ne présente plus, m’a effectivement beaucoup plus parlé que petite fille. J’avais dû à l’époque (je devais avoir 8 ans au plus), ne m’arrêter qu’au premier degré de l’histoire et passer totalement à côté de la philosophie de ce conte. Un mouton à dessiner et des adultes étranges…Cette fois j’ai pu mieux apprécier et surtout tenter de réfléchir sur le fond de l’histoire.

Je n’ai pas vraiment l’habitude de relire un livre, en particulier un de ceux qui m’ont laissé un souvenir mitigé. L’empreinte de la première lecture et de sa déception m’a accompagné lors de cette redécouverte. Du coup, même si l’histoire m’est apparue sous un jour nouveau, je ne peux complètement en ressortir charmée. J’ai trouvé l’histoire émouvante et simple et je ne m’explique toujours pas la place qu’occupe ce livre dans notre patrimoine littéraire. Je connais par exemple une personne qui relit Le Petit Prince chaque année avec un plaisir toujours renouvelé. Peut-être mon détachement tient-il du fait que pour moi ce n’est pas un souvenir d’enfance marquant ? Qui sait ?

Les billets des autres participants à cette lecture commune : Cacahuète et sa puce ; Exxlibris ; Isa1977 ; JuNa62 ; Kasper ; Livraison ; Lisalor ; Love-of-book ; Luthien ; Lynnae ; Mypianocanta ; Olya ; Pikachu ; Plumeline ; Scor13 ; Snow ; Sofiaportos ; Sollyne ; Stellade ; Sunflo ; Tidyup95 ; Véro

Note Livraddict: 8.49 / 10 (95 votes)

vendredi 11 mars 2011

Le magasin des suicides, Jean Teulé

Voici le grand gagnant du « qui doit quitter ma PAB ? » de février avec 11 votes /20 ! Merci encore pour vos votes (au rythme où vont mes chroniques / lectures, je sens que cette rubrique va tenir longtemps sur le blog… ! )

Pas évident de parler de ce livre sans trop en dévoiler (il est très court !). Je peux au moins vous parler du thème: un magasin dans lequel on peut trouver tout pour réussir sa mort. Une entreprise florissante détenue depuis des générations par la même sinistrement heureuse famille, qui voit un jour venir la crise : « la joie de vivre » !
C’est décalé et malgré le thème pas rigolo du tout au premier abord, certains passages sont en fait « à mourir de rire » ( !). Oui, c’est sûr dit comme ça on a du mal à comprendre. Mais je ne peux vraiment pas vous en dire beaucoup plus sur l’histoire car le plus gros défaut de ce livre est qu’il est très court ! Voire même un peu trop (du coup mon avis l'est aussi). L’écriture donne un goût d’inachevé, la fin, qui m’a beaucoup déçue (lisez le et vous verrez vous-même) me paraîtrait presque bâclée. Bon ok, ce n’est peut-être juste pas la fin que je voulais.

Ce fut dans l’ensemble un bon moment de lecture, un livre à découvrir.

Note Livraddict: 7.78 / 10 (86 votes)




Et -1 dans ma PAB...qui est aujourd'hui à 15 titres (je commence à douter d'y arriver un jour!)



mercredi 9 mars 2011

Challenge 1 000 ans de littérature française: Molière [LC 4 1er week-end d'avril 2011]

Très classique le choix de notre second thème pour cette 4ème lecture commune s’est porté sur Molière  (Jean Baptiste Poquelin, 1622 – 1673)

Pour Jean d’Ormesson Molière est avant tout un mythe ! C’est encore lui qui en parle le mieux « au même titre que la baguette de pain, que la 2 Cv ou le béret basque…Molière c’est la France ! ». Et pourtant, personne ne sait d’où vient ce nom de Molière, il ne s’est en effet jamais expliqué à ce sujet.

Il est brillant et étudie aux côtés des Grands, notamment le Prince de Conti, au collège de Clermont (l’actuel Lycée Louis le Grand). Il entre ensuite aux cours de Gassendi où il avait comme camarade Cyrano de Bergerac ! Il est pris de passion pour le théâtre et fonde, à 21 ans, la troupe de L’illustre théâtre dont le premier succès, après 12 ans d’errance sur les routes de France (une faillite et de la prison pour dettes pour Molière), Les Précieuses Ridicules à Paris en 1659.

A son arrivée à Paris, il obtient la protection du frère du Roi (Monsieur pour les intimes), puis du Roi lui-même. Il peut alors s’installer au théâtre du Palais Bourbon, puis au théâtre du Palais Royal fondé 20 ans plus tôt par Richelieu. Les succès s’enchaînent ensuite (enfin !), avec L’Ecole des femmes (1662), Tartuffe (1664, mais on y reviendra), le Misanthrope (1666)…pour n’en citer que quelques uns.

Il faut dire qu’à l’époque Molière fait scandale. On l’accuse d’un mariage incestueux (il épouse Armande Béjar, fille qu’il aurait eu avec Madeleine Béjar), mais surtout, ce qui gêne beaucoup c’est qu’il attaque : les précieuses, les courtisans, les faux dévots….Il se met à dos l’archevêque de Paris et beaucoup de membres du Parlement de Paris. Malgré le soutien de Louis XIV « la cabale des dévots » est en marche et ils obtiennent l’interdiction du « Tartuffe ». Toutefois, Molière aura sa revanche puisque la pièce sera reprise quelques années plus tard, légèrement revue, avec le soutien de la Cour et sera un grand succès.


Molière, acteur, directeur de troupe, metteur en scène et auteur dramatique a su, par son talent, hisser à la Cour ses farces inspirées par la Comedia dell Arte au même rang que la tragédie cornélienne. Ses pièces sont également, d’une certaine manière, des contes moraux selon Olivier Barrot : «On peut dire que dans les pièces de Molière l’intrigue ne compte pas beaucoup. On peut même dire que les mots d’auteurs ne sont pas tellement nombreux. C’est un comique de situation et c’est un comique de portrait, de caractère : c’est un moraliste au théâtre. » Il force les traits de caractères pour forger des personnages types : l’avare, le misanthrope, le malade imaginaire… Le bon sens quant à lui est souvent incarné par les domestiques.

En 1666, il est nommé « chef de la troupe (officielle) du Roi », ce qui deviendra après sa mort, la Comédie Française. La Comédie Française, appelée communément « la maison de Molière ».

Encore une fois, j’ai envie de laisser l’anecdote de conclusion à notre ami Jean d’O : « Il (Molière) n’a pas été élu à l’Académie puisqu’il était comédien. Mais à l’Académie française il y a un buste Molière avec cette inscription:
« rien ne manque à sa gloire, il manquait à la nôtre »
"Le Fauteuil de Molière"..reproduction du fauteuil dans lequel serait mort sur scène Molière. Pour les curieux, découvrez l'histoire et des photos de ce fauteuil sur le blog Archéologie du futur / Archéologie du quotidien  

Propositions de lecture :
Les œuvres le plus connues de Molière ont été citées au cours de l’émission :
Les précieuses ridicules (sont 1er succès en 1659)
L’Ecole des femmes (« sa première pièce sérieuse » en 1662)
Tartuffe
Le misanthrope
L’avare
Le Bourgeois gentilhomme
Dom Juan
Le malade imaginaire
Ainsi qu’une pièce à musique, « Psychée » (composée avec Lully)

Il y a également de nombreuses pièces qui nous restent malgré tout à découvrir !

Rappel: Les participants peuvent lire le titre de leur choix. A noter également, que le choix peut porter sur ce thème et / ou le précédent, "La Fontaine / Boileau". Les billets de nos avis de lecture de cette 4ème lecture commune, seront mis en ligne le premier week-end d’avril 2011. Bonne lecture à tous.

Et sinon, il est toujours possible de nous rejoindre…

Challenge 1 000 ans de littérature française: La Fontaine / Boileau [LC4 1er week-end d'avril 2011]


Savez-vous que La Fontaine, Boileau ainsi que Molière et Racine, tous les quatre célébrissimes auteurs aujourd’hui pourraient être rebaptisés «le Club des 4 » version 17ème siècle ? D’après Olivier Barrot et Jean d’Ormesson ils formaient en effet une bande d’amis inséparables pour courir les tavernes et séduire les femmes, qui, nous apprend-t-on, passaient des bras de l’un aux bras de l’autre…Vie de bohème et de luxe, les quatre auteurs dépendent des faveurs de grands protecteurs et, évidemment, du plus grand d’entre eux à cette époque, le Roi, Louis XIV (ou, Mon Loulou ! Je vous expliquerais un jour, une longue histoire) !

Les participants au Challenge 1 000 ans de littérature française ont choisi comme premier thème de cette nouvelle lecture commune (prévue pour début avril) : La Fontaine et Boileau. Nous avons choisi Molière comme second thème (En fait, il ne nous manque que Racine pour reformer le « Club » !)

Jean de La Fontaine
Jean de La Fontaine (1621 – 1695)
Le fabuliste et ironiste Jean de La Fontaine est dépeint par nos deux chroniqueurs comme le plus charmant du « Club des quatre » cité plus haut. Une véritable « légende dorée » accompagnerait son souvenir et Olivier Barrot nous explique que La Fontaine arrive en retard à la Cour parce qu’il a « observé l’enterrement d’une fourmi », qu’il a toujours la tête en l’air pour écouter le chant des oiseaux ou encore pour regarder le soleil se coucher. Bref, il est émerveillé par tout ce qu’il voit. C’est de cette insouciance que seraient nées les Fables si célèbres.
« L’innocente beauté des jardins et des jours allaient faire à jamais le charme de ma vie » (Jean de La Fontaine).
Jean de La Fontaine a presque 50 ans lorsque parait le premier recueil des Fables et il faudra attendre 10 ans pour le second. S’il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands poètes de son époque, voire comme « LE plus grand poète du 17ème siècle » d’après Jean d’O, il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, les Fables sont vivement critiquées par ses contemporains, à commencer par Lamartine et Rousseau qui les jugent immorales !...Elles sont aujourd’hui étudiées à l’école et récitées chaque année par des milliers d’élèves, je suis sûre que Jean de La Fontaine aurait apprécié l’ironie !
Contes libertins


Ironie toujours. Sachez que Jean de La Fontaine n’a pas écrit que des fables pour enfants. Ce grand séducteur a également écrit des contes libertins.

Nos deux spécialistes nous expliquent également que La Fontaine est un homme courageux, qui n’a pas hésité à prendre la parole pour défendre l’honneur de son ami le surintendant Fouquet (perdu, on le rappelle pour une sombre histoire de gros sous, de château magnifique, de fêtes somptueuses…qui ont rendu le Roi jaloux !), et ce jusqu’en s’opposant au Roi (et là, effectivement, on dit chapeau) ! Jean de La Fontaine a rédigé pou défendre son ami la pièce « Elégie aux nymphes de Vaux » dont Jean d’Ormesson nous propose une citation « Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles et qu’on croit avoir pour soit le vent et les étoiles. Il est bien mal aisé de régler ses désirs. Le plus sage s’endort sur la foi des 
 zéphyrs. »


Nicolas Boileau (1636- 1711)

Si Jean de La Fontaine n’a cessé d’être lu depuis trois siècles, Nicolas Boileau, pourtant également ironiste, est beaucoup moins lu car plus obscur et plus difficile.

Alors que son ami La Fontaine conserve farouchement son indépendance d’esprit, jusqu’à critiquer nous l’avons vu ouvertement le Roi au sujet de Fouquet, Boileau nous explique-t-on s’est laissé « aspiré » par le pouvoir et devient historiographe du Roi (nommé à ce poste en même temps que Racine). Voilà d’après Jean d’O tout le malheur de cet auteur.

Nicolas Boileau (Despréaux)
Boileau, qui pourtant est à la base un auteur comique (il a écrit des satires et le Luterin), est également « l’homme des règlements », il édite L’Art poétique, qui est présenté comme une « manière de présenter le classicisme tel qu’il doit être appliqué par ceux qui prétendent à l’art poétique » (Olivier Barrot). Bref, Boileau, c’est un peu le prof.

Pourtant, curieusement au moment de la bataille féroce qui déchire les auteurs de cette époque, Boileau ne fut pas là où on l’attendait. Quelle bataille me direz-vous ? Celle « des anciens contre les modernes » (oulala c’est quoi donc ?). Visiblement, les « modernes », composés entre autres par Charles Perrault, disaient que le Siècle de Louis XIV c’est mieux que tout (rien que ça !). Ils s’opposaient donc aux « anciens », composés entre autre de La Bruyère (avant centre), Racine (pilier droit), La Fontaine (remplaçant, et oui, beaucoup trop distrait) et Boileau (dans les buts), qui eux étaient d’avis que nous ne faisons toujours que d’imiter le mieux possible les anciens. La postérité a choisi « les anciens » et ce sont eux qui ironiquement représentent le siècle du Roi Soleil.

L’un des textes de Boileau le plus étudié serait Les embarras de Paris
Ce texte, apparemment extrêmement vivant, nous dépeint une ville inédite, ou presque….puisqu’elle aborde le trafic et les encombrements de la capitale ! Décidemment, rien n’est nouveau et les bouchons à Paris existent depuis toujours !

Dernière anecdote pour finir : La Fontaine a été élu à l’Académie et cela a rendu Louis XIV furieux. Au point qu’il n’accepte l’entrée de La Fontaine à L’Académie que lorsque Boileau aura finalement lui aussi été élu. « C’est ce qui fait ce côté un peu officiel et ennuyeux de Boileau et ce côté si libre, si charmant, si désinvolte de La Fontaine. » (Jean d’O)

Rappel: Les participants peuvent lire le titre de leur choix. A noter également, que le choix peut porter sur ce thème et / ou le suivant, "Molière". Les billets de nos avis de lecture de cette 4ème lecture commune, seront mis en ligne le premier week-end d’avril 2011. Bonne lecture à tous.

Et sinon, il est toujours possible de nous rejoindre…

dimanche 6 mars 2011

Anaïs, Michaël Collado


Comme le titre du livre l’indique, Anaïs est le nom de l’héroïne principale. Nous suivons Anaïs depuis sa naissance et tout au long de sa vie, je n’ai  pourtant pas eu le sentiment de la connaître vraiment et surtout de la comprendre.

Anaïs est belle, orgueilleuse et éprise de liberté. Très jeune, elle décide de quitter son petit village du Var pour rejoindre son premier amour à Paris….très jeune elle fait le choix de la passion et renonce à sa famille, qu’elle renie jusqu’à l’enfant auquel elle a donné naissance bien trop jeune. La vie passe et avec elle les épreuves que tout un chacun rencontre…pourtant Anaïs reste immuable dans sa quête passionnée.

On ne peut pas rester indifférent à cette histoire. La plume de l’auteur est touchante, douce et poétique. Et si mon avis est mitigé c’est certainement dû à la personnalité d’Anaïs, avec qui je n’aurai probablement pas pu m’entendre. On passe de l’admiration à la confusion la plus totale à son sujet et il m’a été impossible de me sentir proche d’elle plus de quelques pages. 

Au fur et à mesure que l’on croit découvrir cette jeune femme, elle s’éloigne. A bien y réfléchir, j’ai même l’impression de ne pas l’avoir vu grandir …qu’elle serait à jamais restée une jeune fille gâtée et capricieuse, sans sens des réalités et du devoir…du coup, je suis triste pour elle et me dit qu’elle est probablement passé à côté des meilleurs moments de sa vie.

Après relecture, je me rends compte que mon billet est aussi confus que ne l’est mon avis…pour faire plus simple je rajouterais que l’auteur, dont c’est le premier roman, a une très belle plume, que ses mots sonnent justes. En revanche, la personnalité d’Anaïs a fait que je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage (bon, faut dire que je suis plutôt romantique comme nana ! lol).

Et pour terminer : un grand merci aux éditions L’Editeur pour ce partenariat J pour lequel j'ai été bien gâtée avec l'affiche et le marque-page assorti au livre!


L'avis de Sylire ici  . Nous avons les mêmes impressions sur ce livre.
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